Traditionnellement dans nos écoles, le professeur introduit le cours et contrôle la parole, sa distribution…et les élèves ne peuvent intervenir que si le professeur les a autorisés à parler. La majeure partie du temps d’un cours est alors monopolisée par le professeur.

Mais cet état de fait suggérerait-il que l’élève n’a pas voix au chapitre s’il ne prend pas la parole? « Élève effacé », voilà le genre d’appréciation que l’on peut retrouver sur les bulletins scolaires.

Dans le cadre de réunions de travail, une personne n’intervenant pas n’existe pas, à part dans le cas où le compte-rendu apporte la preuve de sa présence. Mais son avis – car elle doit bien en avoir un – ne sera pas pris en compte. Son avis aurait peut-être pu inverser le cours de la réunion, apporter un supplément d’âme pour le collectif. Mais ça, on ne le saura jamais.

J’ai été moi-même, jusqu’à il y a quelques années, une personne qui s’exprimait peu car assez peu sûre d’elle. Je pensais que mon avis n’avait pas intérêt ni à être verbalisé ni à être entendu. « Et puis je ne vais quand même pas prendre la parole pour répéter ce qui a déjà été dit. »; « Les autres personnes ont parlé de manière si brillante que je ne serai jamais à la hauteur. » C’est le genre de phrases qui me venaient naturellement en tête et me bloquaient dans mon expression.

A l’école, on ne nous apprend pas à prendre en confiance en nous, à nous affirmer en tant que personne ayant un avis digne d’être partagé. Bien que l’éducation nationale a en charge de nombreuses missions, et pas des moindres, l’estime de soi et la confiance en soi ne se décrètent pas; les éducateurs doivent soutenir cet effort pour l’épanouissement des futurs adultes. Valoriser et encourager la parole des enfants est essentiel pour que la société puisse tenir. Et pour changer le monde.